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BONJOUR,
Ici, nous vous proposons de pouvoir lire NOTRE premier chapitre, sur le thème désigné, comme exemple.

Thème 1 : Les vampires
1er texte-exemple de 1er chapitre par Pauline, gérante du site.
COMMENTAIRE : J'espère que mon 1er chapitre vous plaira et vous inspirera !


I
Vidées de leur sang
 
   Il devait être environ 6 heures du matin. Je n’avais pas dormi de la nuit. Un amas de papiers journaux empêchait l’air froid de rentrer par les dessous de fenêtre. Celles-ci étaient embuées et traçaient des larmes le long de la vitre. Un air glacial s’était emparé de la pièce, malgré les précautions que j’avais prises.
   Il devait être environ 6 heures du matin, lorsque j’entendis une sirène propre aux voitures de police. J’étais alors plongée dans mes plus noires pensées, et ce fut pour moi comme un réveil brusque, même si je me levais doucement pour aller inspecter par la fenêtre.
   Trois hommes en sortirent, l’un plutôt costaud, l’air rébarbatif, les deux autres montés sur leurs grands chevaux, un air chétif gravé sur les traits de leur visage en cœur. Puis une ligne de voitures identiques se stoppa à l’entrée de la forêt, toujours avec le même bruit puéril.
   Je ne m’attardais pas plus à la fenêtre et dévalais les escaliers d’une façon fort indiscrète, me précipitant à la porte qui dominait au fond du vestibule.
   J’entrouvris la porte, et par l’étroit entrebâillement j’assistais au bouclage de la rue. L’un d’eux sortit une fiche, et je reconnu entre mille cet air si particulier de l’homme mélancolique et retenu, qui s’en tient à ses problèmes tout en passant devant le malheur d’autrui. Ses traits étaient droits et figés. Il était d’allure sobre et carrée. Son compagnon, ou équipier en ces circonstances, était lui aussi fin qu’une lame. Il avait l’air sérieux, expression habituelle de ceux qui en ont vu bien d’autres. L’un deux donna des ordres précis à son voisin, et celui-ci s’exécuta en vitesse, tandis que l’homme trapu jetait un coup d’œil dans les environs, espérant, bêtement, trouver un indice à l’œil nu que les autres policiers n’auraient pas dénicher, à coup sûr !
   Je m’aventurais vers le seuil, et ramassais en même temps le journal déposé peu avant mon réveil ce matin-là. Les policiers m’aperçurent, et s’approchèrent doucement vers moi.
-Bonjour ! Lançais-je à l’homme râblé dont j’avais scruté la carrure musclée.
-Le quartier doit être bouclé, mademoiselle, veuillez rentrez chez vous.
Je m’indignais de ne pas avoir été saluée et je dois avouer que ma réaction était un peu trop désinvolte.
-Que fait une « armée » de policiers en vadrouille près du parc si ce n’est parce qu’un meurtre n’ait pas été assez bien examiné ou que quelques preuves s’y trouvent encore ?
-Je ne peux pas divulguer les raisons de notre inspection, et je vous prie une seconde fois de retourner chez vous en attendant que la police ait finie son travail…
-Que se passe-t-il ?
   Ma mère était apparue derrière moi, me donnant un léger baiser sur le front et saluant l’homme. Ils engagèrent la discussion et il lui rapporta nos brefs échanges de paroles. Ma mère insista sur la raison de leur seconde venue.
-La dernière fois, vous nous avez interdit de sortir de chez nous pendant près de 5 jours ! Et sans explications ! Se plaignit-elle.
-Je vous le répète madame : la police est tenue au secret sur cette affaire !
   Je m’étais laissée entraîner vers l’entrée par ma mère, et jeta un coup d’œil au journal.
   Aucun article ne mentionnait les disparues, ou mortes, plutôt. Je tournais les pages sans trouver le moindre rapport entre leur venue prématurée et les derniers corps retrouvés dans la région. Je m’attardais sur un paragraphe du chapitre « petites annonces » lorsque mon regard se posa sur une série de photos de jeunes filles.
   On y voyait inscrit en-dessous leur nom, leur âge ainsi que leur date de naissance et de mort. La plupart m’étaient inconnus, mais je cru reconnaître le visage d’une jeune invitée à ma fête, deux jours auparavant.
   Des cheveux blonds encadraient un visage fin et pointu, des yeux en amande verts olive lui donnaient une expression profonde de gaieté et de joie. Son nez était creusé et retroussé, et ses pommettes légèrement orangées.
   Je jetais un coup d’œil à sa description :
 
 
Sarah Fielding, 16 ans,
Née le 17 mars 1995-
disparue le 2 mai 2011
 
    Je reconnus son nom, et un éclair me foudroya, comme si ma respiration s’était arrêtée.
    Je me glissais au milieu de leur querelle et coupais leurs débats.
-Vous êtes revenus pour elle, n’est-ce pas ? demandais-je d’un ton sec et ferme, avec un infaillible regard intense.
   Il était resté de marbre face à nos plaintes, jusque-là, mais lorsque ses yeux se plissèrent à la vue de la photo que je désignais du doigt, il devint pâle, et je cru l’entendre murmurer une injure.  
   Il se redressa, gonfla la poitrine et soupira un bon coup avant de nous fusiller du regard, sûrement en train de débattre intérieurement entre dire la vérité ou refuser une fois de plus de s’expliquer.
   Il finit par se soumettre à nos exigences.
-Oui. On a retrouvé son corps dans une grande clairière, là-bas, déclara-t-il en nous désignant du doigt la direction de la scène de crime.
   Cette annonce moi-même me bouleversa, et un goût amer s’invita dans ma gorge. Néanmoins, je remerciais le policier et me détournais de la funeste rue pour regagner ma maison, maman sur mes talons.
   Elle referma la porte et m’interrogea sur l’identité du dernier cadavre.
-Elle était invitée par Zoé à ma fête, répondis-je dans un souffle.
-Et tu savais que quelque chose se tramait ou…
-nada, la coupais-je. Je n’étais même pas sûre qu’elle soit venue avant d’avoir lu le papier sur sa disparition !
   Et je lui tendais l’article associé. Elle le lit avec attention puis le reposa sur la table basse en ébène de la grande entrée.
-C’est quand même monstrueux…Et en plus, elles sont toutes mortes de la même façon ! Renchérit maman, accoudée à la cafetière, alors qu’elle venait de traverser la cuisine.
-Apparemment, la presse ne sait pas grand-chose sur cette affaire. Et, dis-moi, comment sont-elles mortes ?
   Ma mère se repositionna, comme pour raconter une longue histoire. Elle semblait maussade et commença son récit sur un lent et long soupir.
-La première fois, c’était il y a 13 ans, tu venais d’en avoir 2. Tu étais trop petite pour t’en souvenir, mais la police avait retrouvé Manon Ressent, une jeune fille d’à peine 17 ans, vidée de son sang dans les toilettes d’un vieux pub presque abandonné vers le parc. Hélas, on n’a jamais trouvé le tueur.
   « Puis, pendant les mois qui suivirent le drame, la calme s’installa au fur et à mesure. C’est à ce moment-là qu’on assassina une autre fille, plus jeune cette fois-ci, dans les escaliers qui mènent au parking du supermarché.
   « Plusieurs années passèrent, et rien de bien incroyable n’affola la police. Mais ça doit bien faire 4 ans maintenant, que le meurtrier tue sans qu’on puisse découvrir un semblant d’indice qui pourrait mener à lui. Tous les 4 ou 7 mois, le scénario se répétait. Les familles étaient désespérées, et pratiquement tous les habitants ont désormais déserté la ville. L’histoire a pris une telle tournure que la police régionale ne suffit plus. On en entend parler partout, dans les journaux, à la télé…C’est vraiment devenu un phénomène inquiétant. Et maintenant, les derniers habitants sont invités à quitter la région, pour éviter d’autres meurtres.
   «  Il y a quelque chose de plus effrayant, et les policiers sont tenus au secret pour ne pas affoler les esprits. De plus effrayant que toute cette histoire : Les jeunes filles n’ont pas été retrouvées mortes vidées de leur sang. Pourtant, c’est la stricte vérité, il n’y avait plus de sang dans leur corps. Hélas, aucune trace de ce sang, à part quelques éclaboussures sur les lieux présumés du crime. On ne sait toujours pas comment a-t-il été versé sans en mettre sur le sol et où est ce sang. Mais le tueur a pris soin de ne pas en laisser tomber une seule goutte.
   « En plus, les jeunes filles n’ont pas été égorgées, ni mutilées…Rien ! Seules deux traces pointues dans le cou ont été retrouvées sur les cadavres. Les experts disent que ce sont des crocs qui ont pu tuer les victimes, et rien d’autre. Mais il est impossible qu’un chien ait pu planter ces crocs, ni un chat ou un animal, en général. Les enquêteurs cherchent des réponses aux questions, mais la seule explication plausible qui puisse exister, c’est que la victime n’a pas été tuée où elle a été retrouvée, et que le sang a coulé mais que la pièce est sûrement nettoyée impeccablement à l’heure qu’il est. Et, bien sûr, que les crocs sont des faux, que le tueur les aurait plantés dans le cou pour faire croire à un animal.
   « C’est tout ce que je sais, et je suis presque sûr que la police n’en sait pas plus que nous.
 
   Elle finit enfin, des traits taciturnes sur son visage. C’était très affligeant de parler de telles atrocités, mais je voulais en savoir plus.
«  En effet, cette histoire est bien étrange, pensais-je.
-J’espère qu’ils attraperont cette crapule, ce monstre…
   Et ma mère se plongea dans la contemplation de son thé
   Cette histoire ne me donnait pas vraiment le moral. Sa boisson finie, nous montâmes nous recoucher, car nous nous étions rendu compte de l’heure. Il était approximativement 6 heures 40.
-Tu comprends pourquoi je veux partir ?
 Je m’étais retournée. Ma mère affichait un air peiné et désolé.
-Je ne veux pas qu’il t’arrive quoi que se soit, ou que tu disparaisses. C’est devenu dangereux, ici, pour toi.
-Je sais, râlais-je exaspérée.
   Elle me prit mon bras et nous collâmes nos fronts l’un sur l’autre.
-Je reste ta maman chérie, hein ?
   J’acquiesçais mais fit une petite grimace triste qui déclencha un rire enjoué de la part de ma mère.
   Ainsi elle regagna sa chambre et moi me pelotonnait dans ma couverture, encore préoccupée par cette rude affaire de meurtres.
 
*
 
   J’avais remué tous les fonds de ma pensée, et m’étais décidée à sortir.
   J’avais préparé un petit mot, au cas où maman s’inquiéterait.
   Je pris mon sac et y plaçait mon portable, un portefeuille et un stick à lèvres.
  
   J’empruntais le moins possible les ruelles tortueuses traçant d’étroits culs-de-sac galbés. Je cheminais le long des routes désertes, me dirigeant vers le centre-ville. Là, je jetais un coup d’œil aux boutiques. Dépouillées. Toutes couvertes de grandes affiches annonçant la fermeture des magasins. Certaines étaient recouvertes de tags, dessinés par des clans de jeunes délinquants dont le quartier isolé était devenu leur terrain de jeux.
   Les vitres dénudées, les rues sales et encombrées, ce centre était maintenant dépourvu de toute population quelle qu’elle soit. Ce territoire désolé ne renfermait que quelques couples âgées et de jeunes célibataires, trop bouffés par leur travail pour se soucier d’un homme tuant de jeunes adolescentes.
   Je marchais donc le long des allées dépeuplées lorsqu’une ombre se glissa entre les cimes des arbres. Je ressentis un picotement le long de la colonne vertébrale, et une lourde anxiété me gagna en crescendo. Un silence de mort couvrait la rue tel un voile de peur. J’étais tendue, les épaules en avant, les mains dans les poches, à l’affût de tous mouvements.
   La silhouette se déplaçait…je la sentais d’un coup près de moi puis soudainement lointaine, comme un mirage.
   Je la guettais, j’attendais le bon moment pour la prendre en flagrant délit. Subitement, une aspiration effroyable se fit entendre, et un cri glacial perça ce voile de tension.
   Subitement, une ombre de géant recouvrit le sol pavé, les ombres du soir rependirent leur épouvante sur mon cœur, et leurs mains peignirent le monde en gris, éteignant ainsi tous les lampadaires alentours.
   Je me figeais, comme emprisonnée dans un effroi contre lequel je luttais sans pouvoir m’en détacher. Mes yeux parcoururent le ciel qui se révéla plus sombre que mon regard ne l’avait perçu, un instant plus tôt. La lumière se régressa instantanément, et mon cœur résonnait dans mes tympans, comme s’il coulait un fluet filet de sang le long de mon oreille.
   Je failli me renverser lorsque je me retournais hâtivement, ainsi un corps d’homme se dessina sous mes yeux rouges et cernés.
   Il était raide et blafard, sa peau démesurément laiteuse et gelée. De longues cicatrices dessinaient des lézardes le long de ses babines méplates, et aucun teint naturel ne s’accordait à sa chair. Ses yeux étaient vifs, comme ceux d’une pie, d’un jaune citron étourdissant. Ses cheveux cuivrés se dressaient en longes tiges sur son crâne. Ses lèvres dessinaient de fines lamelles violacées, comme écorchées. Il avait des pommettes creuses et un nez droit qui semblait calqué depuis les statues grecques de l’Antiquité.
   Je reculais d’une crainte affichée, et tentais de garder en moi un minimum de calme et de confiance. Il ne cilla pas. Ses cils, bien que longs et brunis, ne bronchèrent pas, et je cru un instant qu’il était un effrayant épouvantail que j’avais cru s’animer une seconde.
   Sûrement une vieille blague des meutes de jeunes canailles qui traînaient par endroits dans la lugubre ville.
   Brusquement, je plongea mon regard dans le sien, et remarqua que ses pupilles s’étaient aussitôt dilatées puis à une vitesse inhumaine s’étaient rétractées telles celles des félins. Et, sans raison aucune, il se détourna de ma vue et rebroussa chemin. Je cligna des yeux et me rendit compte dans le même moment que j’avais retenu ma respiration pendant notre singulière contemplation. Il avait comme lu dans mes pensées.
   J’avais seul souvenir ses pupilles aussi étranges qu’hypnotisantes.
  
   Je m’efforçais d’oublier la façon dont il m’avait dévisagé et avançais tout droit, sans faire attention à mon environnement dépeuplé.
   Je venais de monter la côte et ainsi franchir les limites du centre-ville. J’arrivais près du pub abandonné dont maman m’avait parlé et y jetait un coup d’œil de par la vitrine centrale.
   Il était dévasté, et certains meubles étaient ensevelis sous une épaisse couche de poussière. A première vue, cela faisait au moins plusieurs années que personne n’avait touché à ces amas de planches diverses et de tas de briques.
   Les entrées étaient infranchissables et infranchies, condamnées par les soins de la police, mais par la vitre, je pu examiner la scène de crime et j’entrevu une toute petite tache de sang, près des toilettes.
   Ainsi maman avait raison. Le sol était blanc neige, et même si la salle avait été nettoyée, s'il avait coulé, une marre de sang aurait séché et rougi le parquet, néanmoins, il restait deux ou trois tâches de sang, qui avaient sûrement du échapper à la vigilance du meurtrier.
 
   Je revenais sur mes pas et arriva à une petite allée où s’alignait des maisons de bois peint, toutes pareilles les unes des autres.
   Je reconnus celle que je cherchais, et accéléra l’allure pour me stopper devant une vieille maison bleue foncée. Je m’évertuais de rester positive et sereine, et renonçant finalement à me forcer, j’appuyais sans ménagement sur la sonnette.
   Une dame d’environ une quarantaine d’années m’ouvrit, et discernant mon visage familier entre mes longs cheveux de braise s’approcha en toute assurance vers moi.
-        Bonjour, madame, est-ce que Jonathan est ici ?
-        Bonjour, Emma ! Non, je ne sais pas vraiment où il est, je croyais qu’il était resté avec toi à la maison…Pourquoi ? Il n’est pas chez vous ?
   La panique me prit, et mon cœur se tordit comme on essore un vêtement.
   Je dessinais un sourire forcé sur mes lèvres, bien que je sentis que mes commissures s’inclinaient vers le bas, évoluant du sourire menteur à la grimace nonchalante.
-        Mince alors ! J’ai oublié que maman m’avait prévenue qu’il était allé chercher un camion pour notre déménagement !
   Je me sentais ridicule, et je mentais si mal que j’eu du mal à croire qu’elle avait tout gobé.
-        Oh, c’est bête ! Tu n’aurais pas dû venir à pieds, surtout lorsqu’il neige comme ça !
-        Ce n’est pas grave ! Ca fortifie le corps, affirmais-je.
   Mais où était-il passé ? Depuis l’incident que j’essayais de ne pas me remémorer, personne ne savait où il était parti.
-        Allez, rentre au chaud, j’ai préparé du chocolat ! Ca tombe bien !
   Je me sentais extrêmement impolie face à cette généreuse invitation, mais cette affaire me préoccupait, et je ne pouvais m’attarder chez quelqu’un en ce temps de déluge.
-        Hum, non merci ! C’est très généreux de votre part, mais je dois y aller, ma mère m’attend pour finaliser notre départ, m’empressais-je de répliquer.
-        Oh, d’accord…Et, je penses que nous ne nous verrons pas demain, alors je te dis au revoir…
   Elle m’ouvrit ses bras et je l’étreignis. Elle me serrait jusqu’au cou, et son câlin fut pour moi plus que quelques mots d’adieu.
   Malheureusement, tout a une fin, et je dû briser son accueillante étreinte.
   Après quelques regards abattus et quelques sourires attristés, nous nous quittâmes, et le froid engloutit la part de moi qui reposait dans cette modeste maison de bois.





Merci d'avoir pris la peine de lire mon 1er chapitre ! Qu'en pensez-vous ?
P.S : je dois l'avouer, mon texte fait 18 pages au lieu de 15, mais ce n'est qu'un exemple !
Merci à tous ^^

II

Un brusque départ 

  

Les derniers cartons étaient tous empilés sur le péristyle qui menait à la petite terrasse de l’entrée. Je contemplais ma maison, dans laquelle j’avais pleuré, rit, joué, aimé...Je ne pouvais plus me séparer de cette nostalgie qui emplit votre cœur de souvenirs et d’émotions.

   Quand maman eut fini de fermer toutes les entrées et les issues de la maison de bois, elle s’attaqua aux dernières affaires restantes. Je lui donna un coup de main et me glissais dans le camion que nous avait prêté un ami qui lui aussi avait emménagé dans le sud du pays.

   Mon cœur me disait de rester, et me guidait vers mon logis, mais je savais que je n’avais plus le choix.

   Ma mère rentra dans la voiture et alluma le chauffage, bien qu’il mit dix minutes à envoyer de l’air chaud.

-        Prête ? Annonça-t-elle.

-        …Prête.

   Elle me prit la main, et, à contre cœur, je vis ma demeure s’éloigner et devenir de plus en plus minuscule au fur et à mesure que la voiture cheminait le long de la route enneigée.

-        Même les chasse-neige ne viennent plus distribuer du sel sur les routes ! Quelle honte !

   J’approuvais tristement, encore penchée sur la réverbération de ma maison dans le rétroviseur. Celle-ci rapetissait jusqu’à ce que subitement, elle disparu de mon horizon.

   Soudain, une ombre se glissa sur l’allée, et je revis le même iris jaune de l’homme qui m’avait un instant dévisagé le matin même.

   Je poussa un sursaut terrifiant, et ma mère me demanda si tout allait bien. J’opinais de la tête, ne pouvant plus dire un mot sans le crier.

   La vision avait disparue. Sa pupille vive s’était mirée dans le rétroviseur, et son reflet même était incertain.

   Mon angoisse s’atténua lentement, mais quelques vagues de chaleur s’emparèrent de moi, et de violentes pulsions d’affolement me saisirent. Je restais mal à l’aise, coincée sur mon siège, le bras crispé sur la poignée de ma porte, et de larges veines bleues ressortant de ma peau devenue translucide visibles sur ma main empoignant fermement ma portière.

   Cette vision me glaça aussitôt le sang, et ces pulsions firent un écho épouvantable.

   Une fois calmée, mes paupières devinrent lourdes de cette nuit sans sommeil, et je m’évadais un peu en dehors du temps et de l’espace.

 

   Jonathan se tenait là, debout, accoudé à un mur qui m’était invisible. Il semblait avoir un trou béant dans sa poitrine, car ses gémissements de souffrance étaient entrecoupés, comme si quelque chose d’imperceptible l’étouffait.

   J’étais moi aussi debout, mais j’étais hors de la scène, comme recalée, car je criais le nom de Jonathan, qui ne m’entendait pas, à coup sûr.

   Il était blanc comme un linge, et semblait malade, comme en phase terminale d’un pesant et fatiguant traitement.

   Je remarqua alors une cicatrice encore fraîche sur la paume de sa main, et j’aperçu ainsi un long filet de sang le long de son cou, avec deux traces de crocs. Les veines alentours ressortaient, et sa peau était devenue cendrée.

   Alors, je vis une jeune fille, à la chevelure dorée sur un visage en cœur, orné de beaux appâts, tels que des yeux d’un vert olive qui m’était anormalement familier. Des belles boucles blondes encadraient un visage fin et pointu.

   Je reconnu alors Sarah, la dernière victime du tueur en série.

   Ils étaient tous deux apeurés, comme glacés d’effroi devant une bête.

   Ils fuyaient, ils couraient si vite, avec tant d’avidité à échapper à leur prédateur. Jonathan empoigna le bras fluet de la belle Sarah et la repoussa contre un arbre tandis qu’il s’engagea dans la direction inverse. Ses yeux devinrent étincelants, et des larmes s’en échappaient. Mais ces larmes, au lieu d’être claires et limpides tel de l’eau, se métamorphosèrent en liquide rouge, un peu plus consistant, qui coulait le long de son visage.

   J’hurla d’un cri strident et épouvantable, d’autant plus que l’homme aux iris jaunes pie s’élança vers Jonathan, une sorte de haine gravée sur les traits de son visage de pierre.

   Il courait, mais parfois si rapidement que l’on n’entrevoyait qu’un rapide passage, comme le claquement d’une lampe.

   La dernière chose que je vis fut ses dents blanches acérées et pointues comme des lames s’enfoncer une fois de plus dans le cou de mon conjoint.

 

   Cette image me terrifiait, me hantait jusque dans mes moindres pensées, les plus insignifiantes comme les plus noires…

   Cela faisait 15 heures que nous traversions le pays en camion, et je commençais à avoir besoin de me dégourdir les jambes, et c’est peu dire ! Je fis part de mon envie à ma mère, qui acquiesça.

   Nous nous arrêtâmes donc à une vieille station service, au beau milieu d’une route sinueuse et vide d’hommes. Maman prit de l’essence tandis que je me promenais dans le petit coin pique-nique de la station.

   Je marchais seule,  soupirant de désespoir, quand j’entendis soudain une sorte de cris aigu venant des arbres aux feuilles charnues et sèches de la station.

-        Il y a quelqu’un ? Criais-je, effrayée.

   Prise par l'envie de rester où j’étais, j’hésitais à aller voir ce qui se passait. J’appelais plusieurs fois mais le silence était ma seule réponse.

   Je pris mon courage à deux mains et me décida à m'approcher.
   Je sentis plusieurs fois des feuilles me frôler les jambes. Je me demandais vraiment si c'était bien des feuilles mortes !

   Plus je m'approchais, plus je sentais que je me perdais. Bientôt, je me retourna et me rendis compte que j’étais très loin de la station service vu que les arbres étaient coupés. Mais d'une manière très suspecte : leur tronc était déchiré en lambeaux et sauvagement déchiquetés.

   Je continuais d'avancer, apeurée, et me retrouva en face d'un arbre dévasté dont les branches à terres étaient rouges.
   Je m’approcha encore et toucha du bout de mon doigt l'arbre rougeâtre.

   Il y avait une odeur horriblement forte et écœurante qui émanait des arbres.

   Puis, j’aperçu une forme modelée comme une branche. Je l’examina attentivement car elle avait une forme lugubre, comme une main.

   Cela me rappelait les sentiers effrayants, où les branches sont d’aspect humain, et qu’on a l’impression qu’elles vont vous attraper pour ensuite vous étrangler.

   Vous imaginez bien ce que j’ai ressenti lorsque j’ai compris que je n’étais pas si loin de la vérité.

   J’entendis, parmi les mille questions qui se bousculaient dans ma tête, un craquement, et je reconnu l’homme aux iris jaunes penché sur le cadavre de cette fille, qui semblait être une jeune étudiante.

   Mon corps sembla ne plus être sous mon contrôle, et tous mes nerfs, peu à peu, se détraquèrent, à la vue du sang qui coulait le long de la bouche de celui-ci.

  Mon corps tomba ainsi dans une sorte de gouffre infini, où l’on ne faisait que tomber, sans pouvoir être sauvé par une main quelconque. Mes poumons se bloquèrent, mes muscles semblèrent se déchirer et mon souffle se stopper.

   Je restais dans cet état pendant plusieurs secondes, et puis je revins à la normale. Je repris soudainement conscience, et instinctivement, me retourna, couru à m’en ouvrir les veines le long d’un étroit sentier.

 

   Je couru pendant au moins 5 minutes, avant de retrouver mon chemin et de revenir au point de départ.

   Puis, je m’évanouis, toujours sous le choc de cette troublante vision. Ce n’est que beaucoup plus tard que je repris connaissance.

 

*

 

   Mes paupières s’ouvrirent peu à peu, mes cils papillonnant. Je sentis mon souffle long et lent rentrer dans ma poitrine comme à la naissance, et intérieurement, je vagissais. J’étais allongée le long d’un canapé assez mou et confortable. Ma vision était brouillée, et une apparition noire se transforma en couleurs floues, qui se précisa jusqu’à reconnaître ma mère, penchée sur moi, un gant de toilette humide dans la main, accompagnée d’un vieux monsieur d’environ une soixantaine d’années.

   Il avait le crâne dépourvu de cheveux, presque chauve, et celui-là s’étendait à chaque mot qu’il prononçait. Son nez bossu tombait, et touchait presque sa fine bouche bleutée. Il était lui aussi penché sur moi, mais semblait beaucoup plus menu et petit que ma mère.

-        Ca va chérie ? Interrogea ma mère.

-        Du moment que je ne suis pas morte ou presque, je pense que ça ira ! Ironisais-je, réussissant à aligner quelques mots parmi mes nombreux soupirs et bâillements.

   L’ancien m’aida à me relever, et je m’accouda au sofa sur lequel j’allongeais mes jambes que je sentais grêles et froides. Ma mère m’expliqua comment je m’étais retrouvée étirée ici.

   En effet, après m’être évanouie, elle m’avait perdue de vue, et me trouvant allongée inerte sur l’herbe, elle m’avait conduit chez nous, et avait consulté le premier médecin qu’elle trouva. Malheureusement, la seule personne qu’elle dénicha pour m’examiner était un petit vieux au crâne dégarni.

   Mais m’étais-je vraiment évanouie ? Avais-je jamais vraiment vue un homme assassiner une étudiante en plein bois ? Près d’une minable station service ?

   Il était plus sage de résonner d’une autre façon, en approuvant l’hypothèse fiable qui disait que je m’étais juste assoupie pendant un cours laps de temps, et que j’avais rêvé cet évènement. A vrai dire, c’était plus raisonnable ! Qui croirait à mon histoire ? Un témoignage comme quoi une fille aurait été assassinée par un homme aux yeux jaunes vifs près d’une station service ne ferait pas long feu…

   Bien sûr, je venais de le remarquer, mais j’étais bien installée chez moi. Je veux dire, dans ma nouvelle maison.

   Elle était vide, et seuls quelques cartons s’empilaient dans un coin de la pièce.

   Maman avait installé un sofa, une table basse en ébène, anciennement posée à droite du vestibule et un meuble de télé qui doit dater maintenant !

   Je jetais un coup d’œil à mon nouveau logis, tout en pensant que j’aurais sûrement eu besoin de 12 yeux pour admirer ma nouvelle demeure. Mes pupilles parcouraient chaque recoin.

   Je voulu aller faire une petite visite, histoire d’inspecter les lieux, mais ma mère s’y opposa, et m’ordonna de rester allongée sur le sofa en attendant que mon médicament agisse.

   Je m’exécuta mais persista à vouloir sortir. Après que ma mère soit allée aménager un minimum la cuisine, je filais en douce par une porte vitrée qui éclairait le salon-salle à manger.

   J’arriva directement par l’aile droite de la maison, qui était plutôt basse et, comme à l’habitude, recouverte de longes planches peintes, outremer cette fois-ci. Elle m’évoquait la maison de Jonathan, et mon cœur se serra, comme on essore un linge. Néanmoins, je cheminais à travers le jardin, le long d’un étroit chemin pavé menant à un modique portail blanc. La clôture entourait l’aile droite, mais l’aile gauche n’était pas limitée, et le jardin s’étirait tout le long d’une dangereuse falaise.

   Venons-en à la vue imprenable de la maison : nous étions au bord d’un escarpement raide, et un vent humide et froid me fouettait le visage. La houle venait se briser sur le flan de la falaise, et ses ondulations régulières ressemblaient à ceux du mouvement des nuages, à tel point qu’on ne pouvait démêler ciel et mer. Nous étions isolés, mais dans un endroit calme, au moins.

  Après quelques minutes de contemplation, je repris le chemin de l’entrée, tandis que l’ancien nous quittait. Je le salua et lui de même, puis il s’en alla tranquillement le long de la rue fraîchement pavée.

Les thèmes en cours et à venir
 
Le thème en cours: New york teenagers (1er Février- 1er Mai)
Les thèmes à venir:
-Les sorciers et fantômes (1er mai)
-histoire d'amour dans un monde normal (1er Septembre (on part en vacances hein^^))
-La disparition d'une jeune fille pauvre (1er Novembre)
-Jounal intime d'un être paranomal ou surdoué ( 1er Février)
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l'heure et un pingouin...
 
Résultats :
 
thème -1- Vampires
Gagnants 2ème manche :
1er : "n-chan"
2ème : "haha"
Merci de vos participations hapsa6 et audre
mais vos textes ne nous ont pas convenus !
Bonne chance pour la
prochaine fois !
 
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